Anamorphoses et boulettes – Guillaume Lecler (auto-édition)

Jermold, Tallia et Ethinor retournent à l’école. Les îles chaosiennes, avec leur université réputée, semblent être la destination tout indiquée, d’autant plus que c’est le dernier endroit au monde où l’on ne cherche pas à les emprisonner, supprimer ou torturer. À leur décharge, les Chaosiens n’ont jamais rencontré les trois aventuriers auparavant. Deux-Fois parviendra-t-il à élargir ses connaissances en magie ? « Ouais, confirma sombrement Ethinor. Encore un truc qu’il va apprendre à pas savoir faire. »

Après Deux zéros et demi, Bons baisers de Goscranie, Partie fine et inversement et Des illusions matutinales, Anamorphoses et boulettes est le cinquième (et dernier ?) tome de la saga fantastique de Guillaume Lecler dont je me régale de lire les clowneries (mais pas que) depuis leur parution. À noter qu’il existe une intégrale de ces cinq opus.

Tout d’abord, attardons-nous sur le titre et la définition d’anamorphose : « déformation réversible d’une image à l’aide d’un système optique (par exemple un miroir courbe) ou une transformation mathématique ». Pour ma part, résolument hermétique aux maths et aux sciences quelles qu’elles soient, j’avais approché la notion d’anamorphose en fac d’Histoire de l’Art lors de mes cours d’architecture, avec la technique du trompe-l’œil, et ceux de peinture de la Renaissance italienne, période qui a vu naître la perspective. Quant aux fameuses boulettes, ce ne sont point celles du couscous de « maaa mère » mais plutôt celles que l’on peut faire par bêtise ou… ou… mais je vous laisse le bonheur de le découvrir lors de votre lecture.

J’ai donc été ravie de retrouver nos anti-héros préférés, Tallia Sans-Refus, Ethinor Thamer et Jermold Deux-Fois dans de nouvelles aventures ébouriffantes et tout à fait réjouissantes. Même s’il s’agit d’une suite, chaque opus s’articule sur un thème différent et jamais l’auteur ne nous sert une simple resucée d’un précédent tome. Dans celui-ci, nos amis vont retourner à l’école, une école bien spéciale, sise dans les îles chaosiennes (rien que le nom parle de lui-même), afin d’étudier la physique quantique. Autant vous dire que, en pure littéraire que je suis, et même si j’ai toujours été fascinée par le sujet, je n’ai sûrement pas tout compris. Mais toujours est-il qu’une fois de plus, et quoi qu’il en dise, l’auteur ne se laisse jamais aller à la facilité et ne se borne pas à nous faire rire grâce à la niaiserie de ses héros ou à ses bons mots. Il nous soumet un axe de réflexion qui révèle une fois de plus son intelligence, ses connaissances et toute l’étendue de son talent.

C’est, comme toujours, drôle quoique tordu, complètement barré et en même temps ultra-sérieux. Cela se lit à deux niveaux, légèrement pour s’amuser et se déconnecter d’un présent plutôt gris, mais aussi de manière concentrée afin de pouvoir saisir toutes les implications, tous les deuxièmes, voire dixièmes degrés et appréhender les jeux de mots, allusions et références dans toute leur subtilité. Surtout ne zappez pas les notes de bas de page, qui font partie, souvent, des meilleurs morceaux !

Alors si vous aimez vous prendre la tête ou plutôt vous mordre la queue, si vous avez envie de débattre quant à qui était là en premier de la poule ou de l’œuf, si vous avez apprécié la saga Terminator ou tout simplement si vous voulez rigoler un bon coup, ce roman est fait pour vous. Evidemment, commencer par le premier tome serait un plus, et commander l’intégrale, au bas prix auquel il est proposé, le moyen de se garantir plusieurs heures de bonheur et de rire. Pour ma part, même si la boucle paraît bouclée en ce qui concerne cette saga, j’espère que Guillaume Lecler saura nous concocter d’autres bou… lettes, bou… sins, bou… quins !

 

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