Vingt ans.
Cela fait vingt ans que Sébastien a quitté Sainte-Geneviève, sa petite ville natale du sud de la France. Trop de démons l’y tourmentaient. Aujourd’hui, comble de l’ironie pour un écrivain, c’est un livre qui le renvoie à ce passé qu’il s’est toujours efforcé d’oublier.
Le Temps d’un été.
Tout dans ce roman, qui s’annonce comme le succès littéraire de l’année, lui fait penser à Julie. Des références troublantes, des anecdotes qu’elle seule connaissait… À tel point qu’il en est persuadé : c’est elle qui l’a écrit.
Julie, son amour d’adolescent.
Celle qui a tant compté.
Mais qui est morte il y a vingt ans, assassinée par un tueur en série.
Oh comme je l’attendais ce nouveau roman de Sébastien Didier ! Rien que la quatrième m’avait fait saliver par avance. Ses deux premiers bouquins étaient tellement bons, il avait mis la barre si haut déjà avec Je ne t’oublie pas (lire la chronique) et Les yeux bleus (lire la chronique) que j’en attendais aussi énormément. Eh bien je vous le dis tout de go et sans détour, l’auteur a récidivé avec brio et le résultat se trouve être un excellent cru !
C’est simple, j’ai tout aimé dans Ce qu’il nous reste de Julie ! L’histoire, assez tarabiscotée pour surprendre le lecteur mais pas tirée par les cheveux pour autant, reste crédible et tient la route jusqu’au bout. L’intrigue est magistralement orchestrée mais sait également susciter l’émotion. Les personnages sont denses et intéressants, ni caricaturaux ni banals. Les dialogues sont justes et naturels. L’écriture est soignée et fait preuve de personnalité. Le style très visuel, quasi cinématographique, laisserait entrevoir un excellent film. Quant à la fin, je défie quiconque de la deviner !
L’intrigue, celle d’un écrivain qui décide de faire la lumière sur une ancienne affaire de disparition qui le touche de près, m’a irrésistiblement fait penser à La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker, mais le résultat est plus dynamique et je dirais même mieux écrit. J’ai pensé au Manuscrit inachevé et à Il était deux fois de Franck Thilliez aussi, pour ce qui concerne la mise en abyme de l’écrivain qui écrit un livre qui parle d’un écrivain qui écrit un livre… Mais rassurez-vous, l’histoire n’a rien à voir avec l’un ou avec les autres et le résultat est très différent et très personnel.
Dans une construction parfaitement huilée, Sébastien Didier imbrique implacablement les pièces de son puzzle, fait jouer les rouages petit à petit, provoquant des questions et donnant peu de réponses, surprenant le lecteur, lui faisant soupçonner tout le monde tour à tour, tout cela sans jamais faiblir, ce qui permet à l’intérêt de rester constant jusqu’à la toute fin. On va de surprise en révélation et de révélation en rebondissement, mais tout est toujours justement dosé. L’auteur n’en fait jamais trop et je crois que c’est peut-être ça le plus difficile finalement : ne laisser aucun répit tout en restant crédible, Le prologue présent à l’esprit en permanence, je me suis laissé entraîner et manipuler sans jamais entrevoir les tenants et les aboutissants ni ne serait-ce qu’un tout petit bout de la vérité. Le récit est passionnant, mais il est aussi bouleversant et j’ai dévoré ce bouquin comme j’avais dévoré les deux premiers de l’auteur. C’est drôle, je viens tout juste de découvrir que Je ne t’oublie pas avait été remarqué par B. A. Paris ; moi qui n’arrête pas de vous rebattre les oreilles avec cette auteure, je me dis qu’il n’y a pas de hasard !
Il est sorti tout juste avant-hier et je vous conseille de ne surtout pas le laisser passer !
Je remercie chaleureusement les Éditions Hugo thriller pour m’avoir permis de lire ce remarquable roman.