kouplan 1

Chacun sa vérité, Sara Lövestam

 » Si la police ne peut rien pour vous, n’hésitez pas à faire appel à moi. « 
Pour gagner sa vie tout en restant sous les radars, Kouplan propose ses services comme détective privé. Se faire invisible, évoluer dans la jungle du Stockholm underground, il connaît : ancien journaliste d’investigation dans son Iran natal, Kouplan est sans-papiers. La fillette de sa première cliente a disparu. Pour une raison mystérieuse, elle aussi souhaite éviter l’administration… Dès lors, de bête traquée, le clandestin se fait chasseur.

Voilà un livre qui a atterri dans ma bibliothèque complétement par hasard, par la bonne grâce d’une amie chère qui m’a envoyé par surprise une dizaine de bouquins. Je sais qu’il t’arrive de trainer par ici, encore merci! Et c’est encore le hasard qui m’a amené à le sortir de son trou. Ou plutôt, c’est Lilith, ma gentille chatte : toujours prompte à grignoter les câbles et autres joyeusetés, elle a jeté un soir son dévolu sur la couverture de ce livre. Comme elle ne le lâchait pas malgré mes gesticulations, j’ai décidé de le regarder de plus près, et finalement, il a terminé sur ma table de chevet. Intact, évidemment.

Ce livre est classé dans les « polars suédois » ou « nordiques ». Mais déjà, dans la préface, nous apprenons que l’auteure ne voulait pas en faire un polar. Et pour cause : il n’y a ni policier, ni enquête à proprement parler. Un point positif donc, pour l’originalité : un roman policier sans police ni enquête, il fallait oser. Mais pourquoi, me direz vous, est-il classé par la maison d’édition comme polar? Parce que l’histoire aurait pu tourner différemment. Parce que Julia a disparu et que sa maman Pernilla, souhaite la retrouver, mais ne veut surtout pas mettre la police au courant. Alors elle va se tourner vers les petites annonces, où, bigre, c’est dingue que le hasard fait bien les choses, Kouplan immigré iranien clandestin, propose ses services de détective privé. Sauf que Kouplan n’est pas plus détective que vous et moi. Enfin que moi, parce que vous, je ne sais pas. Il apprends donc son nouveau métier sur le tas, ou plutôt sur Google et sur les forums internet. Armé de son crayon et de son cahier fourni par une institution, il va arpenter comme il le peut les rues de Stockholm à la recherche d’une petite fille de 6 ans disparue dans des circonstances à la fois ultra quotidiennes, et ultra étranges.

On passera sur le fait qu’une femme engage sur le champ un détective qui n’en est pas un, cela fait partie du personnage. Ou qu’elle se tourne vers les petites annonces plutôt que vers des proches, aussi clandestine soit-elle. On passera aussi sur le fait qu’un clandestin décide de publier une petite annonce spécifiant qu’il peut aider les gens que la police n’aide pas. Pourquoi pas. C’est un slogan comme un autre après tout, et n’est il pas de notoriété publique que la meilleure façon de se cacher est de se montrer au grand jour? Passons donc sur ces petits détails, qui prennent tout de même une place importante, mais qui ont au moins le mérite de planter le décor : nous sommes dans une histoire atypique. Et finalement, l’intérêt de ce roman ne réside pas dans l’enquête pour retrouver Julia, ni dans le fait de se demander pourquoi sa mère refuse de prévenir la police, ni de savoir qu’elle est la réelle motivation de Kouplan. L’intérêt est dans la construction des personnages et dans leurs interactions. Plutôt qu’un roman policier j’ai lu ce livre comme une satire sociale, presque comme un roman noir. Il est court, mais les personnages sont développés et profonds, complexes. L’auteure a pris le temps de leur insuffler une réelle personnalité, inspirée, selon la préface, de son expérience profonde du genre humain.

Je ne sais pas quelle est cette expérience, mais je dois dire que le challenge est relevé. Jusqu’à la fin, qui laisse un goût d’inachevé, et même d’incompréhension. Je dirais même, un goût de cheveu sur la soupe. En lisant les deux derniers paragraphes, je me suis demandé ce qu’ils faisaient là. L’information qui y est dévoilée n’apporte rien au roman, rien à l’intrigue. Certes, nous devinons sans peine que l’auteure placera Kouplan au sein d’autres « enquêtes », surfant désormais sur la vague du polar, cela est bien naturel, et cela aura peut-être une incidence sur la suite de ses aventures, mais dans « Chacun sa vérité », j’ai trouvé ce détail superflu, ou dévoilé trop tardivement puisque pour le coup totalement inexploité.

J’ai tout de même passé un bon moment de lecture. Le livre est court, la psychologie des personnages est vraiment complète et tout est fait, des intrigues aux descriptions des décors, pour mettre en valeur et en perspective les différents protagonistes, ce qui est vraiment agréable, et j’oserai même dire, malheureusement inhabituel.

Infos Pratiques

Date de sortie : 2016 (janvier 2018 en version poche)

Prix du format broché : 6.95€ en poche sur Amazon

Prix du format numérique : 7.99€ sur Amazon

Prix du format audio : 14.99€ sur Audible via Amazon, 15.29€ en version CD sur Amazon

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