Chambre 21 -Gérald RUAULT

Quand la réalité dépasse l’entendement, que la science ne suffit pas à expliquer certains phénomènes, que l’incroyable force qui nous habite surclasse nos grandes théories dans bien des domaines, que reste-t-il si ce n’est l’inaltérable pouvoir de l’âme humaine ? Alex est écrivain. Marie est musicienne. Ils vont s’aimer, un peu, beaucoup, trop passionnément jusqu’à ce triste jour d’octobre où elle lui apprend qu’elle est enceinte, où il commet l’irréparable et où la chambre 21 de l’hôtel Saint-Charles va se refermer sur eux tel un piège. Chambre 21. Chambre des corps. Des désaccords. Chambre des secrets. Le lendemain, il se réveille dans une bien étrange chambre d’hôpital estampillée de ce même numéro 21. Un hôpital qui ne ressemble à aucun autre. Et s’il existait plusieurs vérités de ce qu’il s’est réellement passé entre elle et lui cette nuit-là ? Et s’il n’était pas tout à fait l’homme qu’il croyait être ? Et si ce nombre 21 était la clé de son salut ?

Après avoir lu « Orgasmic » l’année dernière, j’avais, dans la foulée, acheté « Chambre 21 » du même auteur, gageant que cette belle plume saurait, une fois encore, me séduire, et que ce titre me plairait autant que l’autre. Je ne saurais vous dire à quel point je me suis trompée ! Car si j’ai beaucoup aimé « Orgasmic », ce n’est rien à côté de ce que j’ai éprouvé avec « Chambre 21 ». Ce roman, bien que m’ayant complètement déroutée au départ, a fini par m’asséner une claque monumentale. Et je pèse mes mots !! Je crois même n’avoir employé qu’une seule fois cette expression, si répandue dans les retours qu’elle a tendance à m’exaspérer un tant soit peu. Et encore, une claque, c’est peu dire ! Un vrai coup de poing, un uppercut, serait plus approprié pour exprimer ce que j’ai ressenti, et ressens encore, à la lecture de ce roman. A tel point que je me demande comment je vais arriver à en parler…

Mais reprenons du début…

Tout d’abord, je ne savais même pas à quoi m’attendre, n’ayant acheté ce livre que sur le nom de l’auteur. Et puis, au commencement de ma lecture, j’ai été surprise, embarrassée, et, je dois l’avouer, quelque peu mal à l’aise devant l’analogie qu’on ne peut manquer de faire entre cette histoire et une tragédie qui a défrayé la chronique il y a une quinzaine d’années. Ensuite, je me suis laissé porter par cette histoire et par cette plume. Je crois qu’en fin de compte je n’ai pas eu le choix…

Marie et Alex s’aiment, passionnément, trop, mal. Dans ce monde du show-biz où les excès sont monnaie-courante, où l’on se brûle les ailes si facilement et où Marie est adulée, Alex se laisse envahir par la jalousie. La jalousie qui bouffe, qui, quand elle plante ses griffes dans le cœur et dans la tête, devient tellement douloureuse qu’elle peut rendre fou… Et quand Marie annonce à Alex qu’elle est enceinte, ce dernier commet l’irréparable…

A partir de là, Gérald Ruault prend plaisir à nous perdre dans un univers aux confins de la folie, où les perceptions sont différentes et dont on ne sait pas s’il est réel, déformé ou inventé. En chemin, il nous livre des bribes d’informations et quelques indices au compte-gouttes, nous surprend par des coups de théâtre complètement inattendus, nous égare à nouveau pour mieux nous étonner encore, jusqu’au dénouement, extraordinaire, inimaginable et tellement magnifique.

L’auteur excelle à dépeindre des personnages torturés, à nous permettre de rentrer dans leur cerveau, à nous faire toucher du doigt les affres qu’ils endurent et les tourments qu’ils traversent. Il nous livre un récit très intimiste, un voyage dans leur tête, une errance dans les méandres de leur psyché.

L’épilogue, que j’ai lu d’une traite, comme en apnée, est absolument bouleversant. C’est un formidable cri qui prend aux tripes, qui résonne encore en moi et dont l’écho résonnera longtemps je crois… J’en suis ressortie pleine de questions et de doutes, et carrément ébranlée dans mes convictions…

Gérald Ruault a réussi là un coup de maître, une performance d’auteur tout juste incroyable et je comprends maintenant pourquoi l’une de mes amies a qualifié cette expérience de « tsunami littéraire ». Quelle histoire fascinante ! Quelle plume talentueuse !

 

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