Dessiner les nuages – Sandrine ROY

Angeville. 1943. Malo, un jeune homme simple d´esprit, vit depuis des années en retrait du village, dans une cabane au milieu de la forêt. À l´arrivée des Allemands, il va recueillir Antoine, un enfant retrouvé vivant dans la tombe fraîchement creusée d´un couple de juifs. Sur fond d´antisémitisme et d’Occupation, une relation forte va naître entre eux, dans un village confiné et divisé, où l´innocence de Malo est bien souvent trahie. Grâce à ses prédispositions pour la peinture et son instinct de protection poussé à l´extrême, Antoine va mettre des touches de couleur dans cette période noire, liant, sans le savoir, la petite et la grande Histoire.

Après nous avoir régalés avec sa série Lynwood Miller (dont il me reste le dernier tome à lire) et fait une incursion dans le thriller/policier avec Dilemme, Sandrine Roy nous surprend à nouveau en changeant encore de registre. Cette fois, elle se frotte à la littérature blanche et y réussit à merveille avec ce roman qui nous raconte une magnifique et terrible histoire de vie et de mort. Magnifique tranche de vie parce qu’elle parle d’amour, de famille, d’amitié et d’entraide, et terrible histoire de mort parce qu’elle se déroule pendant l’Occupation, période très troublée s’il en est au cours de laquelle les actes de bravoure et de justice ont côtoyé nombre de vilenies et bassesses en tout genre.

Dessiner les nuages c’est la guerre, l’Occupation et la Résistance vues par les yeux d’un enfant et d’un simple d’esprit. C’est l’histoire de deux êtres fragiles et forts à la fois, pris dans la tourmente du conflit et les atrocités perpétrées en son nom. C’est un roman empreint de tendresse et et de beaucoup d’humanité, sublimé par la plume sensible de l’auteure. Car le style simple employé sied à merveille aux deux acteurs principaux et donne une force peu commune au propos, qu’on a certes tous déjà vu ou entendu, mais qui sait susciter l’émotion, donner des frissons, prendre à la gorge et aux tripes, jusqu’à bien souvent provoquer la petite larme.

Mireille Calmel, qui a rédigé la préface, ne s’y est pas trompée. De même, je n’ai absolument pas été étonnée que ce roman gagne le prix du salon du Verdoyer en juillet dernier. Bien qu’opposé à d’autres excellents finalistes, nul doute qu’il a su conquérir le cœur des jurés comme il l’a fait avec le mien.

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