Après dix années de mariage, Camille s’ennuie. Des doutes l’assaillent. Au détour d’une discussion sur Twitter, elle se prend d’amitié pour Thomas, un homme séduisant avec qui elle échange avec plaisir. Jusqu’au jour où des événements tragiques vont brusquer son quotidien, bousculer une routine bien rodée. Zoé, la sœur jumelle de Camille, sent le danger naître. Inquiète, elle tente de la prévenir, sans succès. Elle-même tombera dans une toile tissée de main de maître par Thomas. Les inspecteurs Moreau et Girard sont aussi perplexes que Zoé, mais les preuves manquent pour lancer une enquête officielle. Il faut plus que des coïncidences. Qui est cet homme ? Que veut-il ? Qu’espère-t-il ? Comment vont-ils trouver la faille ? Celle qui mettra à jour la vraie personnalité de Thomas.
Dans Après la tempête, son dernier roman, Larème Debbah tentait une incursion dans le genre « drame psychologique à suspense », parfois étiqueté « thriller psychologique », et elle récidive aujourd’hui avec Êpiée. C’est un genre que j’apprécie particulièrement car il met souvent l’accent sur l’étude psychologique des personnages, privilégie leurs sentiments et leurs ressentis et surtout sait, la plupart du temps, instiller en nous des questionnements, le malaise, le doute, voire la peur, sans pour autant nous en mettre plein la vue avec des meurtres sanglants et des descriptions gore. En ce qui me concerne, la suggestion suffit souvent à me créer des angoisses, nul besoin de scènes sordides ou de seaux d’hémoglobine pour m’impressionner et surtout me captiver. Mon imaginaire est beaucoup plus sollicité et le résultat plus insidieux et surtout plus efficace.
Dans Épiée, Larème Debbah explore la psyché d’une femme qui a (presque) tout pour être heureuse mais ne l’est pourtant pas et qui se laisse prendre dans les filets d’un pervers narcissique par le biais des réseaux sociaux. Rien de bien neuf là-dedans me direz-vous, et je vous l’accorde, mais nul doute qu’aujourd’hui les sujets ont tous été exploités et que la différence, ou l’intérêt qu’ils peuvent susciter ne proviennent généralement que du traitement qui en est fait. Et pour tout ce qui est drame psychologique, exploration des sentiments, des ressentis et des douleurs de l’âme, l’auteure est très forte, c’est incontestable. Peut-être est-ce dû à son expérience personnelle et à ses premiers romans, qui relatent tous des histoires de vie douloureuses et particulièrement difficiles…
Epiée est également mâtiné de policier puisque, parallèlement, on suit l’enquête menée par les deux flics qui sont en charge d’une affaire liée au personnage principal. Le résultat se trouve être un heureux mélange qui est parvenu à retenir mon attention et à me captiver de bout en bout, me faisant passer par diverses émotions. L’empathie m’a fait partager les attentes, l’espoir, comme les doutes et la souffrance de Camille mais j’ai parfois eu aussi envie de lui mettre des claques pour la réveiller, et ce, notamment à la fin.
Toujours est-il que ce roman ne m’a pas laissée indifférente, loin de là et que je conseille sa lecture, tout comme celle du précédent de Larème Debbah, aux amateurs du genre.