Mariés depuis trois ans, Chloé et Gabriel mènent une existence heureuse à Saint-Malo, jusqu’au jour où la jeune femme se noie accidentellement au cours d’une baignade matinale. Gabriel, incapable de surmonter seul son chagrin, se décide à chercher du soutien auprès d’un groupe de parole. Il y fait la connaissance d’Emma, une photographe arrivée dans la ville récemment, qui va l’aider à traverser son deuil. Seulement, Chloé semble toujours très présente et, étonnamment, vivante aux yeux de Gabriel qui ne parvient pas à se reconstruire. Et si la réalité n’était pas celle à laquelle il se raccroche ?
Chronique :
C’est avec une fébrilité particulière que j’ai ouvert ce livre. Seul roman d’Amélie Antoine que je n’avais pas encore lu avant de la rencontrer, et étant celui qui l’a fait connaître, je m’attendais — une fois de plus — à être bouleversée. Il faut dire qu’« Au Nom de Quoi ? » et « Quand on a que l’humour » sont les deux seuls livres qui m’ont fait pleurer durant les 18 derniers mois.
« Fidèle au Poste », malgré son classement dans les thrillers, n’en est pas un. Il s’agit — en effet — plus de littérature générale, avec une pointe de noir. L’intrigue est divisée en deux parties. La première m’a emportée. Comme dans ses deux premiers romans, Amélie Antoine y distille une forte dose d’émotion, et c’est un réel plaisir que de parcourir ces lignes. Lorsqu’un couple heureux est amputé d’un de ses membres, l’individu restant sombre souvent dans les limbes des souvenirs. Parfois, le hasard lui permet de rencontrer quelqu’un qui saura l’aider, petit à petit, à sortir du tourbillon de l’horreur. C’est ce qui se passe avec Gabriel. Les mots sonnent juste, le récit est plein d’émotions, sans phrases moralisatrices ou toutes faites. C’est assez rare de nos jours dans ce genre de bouquin, et fort appréciable.
Quand un seul événement bouleverse tout.
Vient ensuite la seconde partie. Un rebondissement énorme intervient et chamboule tout. Y compris mon attention. Je crois que c’est justement ce retournement de situation qui m’a désorientée. J’ai été surprise et j’ai perdu le fil de ma lecture. Le style de l’auteur ne change pas et est toujours aussi appréciable.
Pourtant, l’histoire est très bonne, et originale. La suite du livre est assez proche d’une critique sociale, et c’est très qualitatif. La fin est d’ailleurs assez inattendue, même si quelques indices sont disséminés ci et là tout au long de la seconde partie. Je pense que c’est ce mélange qui a cassé la fluidité de la lecture, et si en ayant tourné la dernière page, je me sentais frustrée d’avoir été moins émue par ce livre, avec le recul, je me rends compte que la technique employée par l’auteure fait office de charnière entre deux styles d’écriture. Et c’est sans doute ce mélange de style que je n’ai pas compris de suite à la lecture.
Un décalage entre la technique littéraire et l’histoire
Alors non, je ne dirai pas que ce livre restera dans ma mémoire pour les prochaines décennies. Pour moi, ce n’est pas le meilleur d’Amélie Antoine. Je dirai même qu’à aujourd’hui, et pour moi, c’est le moins bon, si l’on parle de la globalité de l’histoire. Mais il a le mérite d’avoir son propre style et de sortir un peu des sentiers battus. Car si l’événement qui scinde le livre en deux est une ficelle largement utilisée — à tort et à travers — en littérature, il sert ici de catalyseur. Un catalyseur multiservice, puisqu’il déclenche à la fois le désespoir, la vérité et met en lumière toute l’ironie et la cruauté du mélange des deux.
Vous l’aurez compris, si l’histoire en elle-même ne m’a pas touchée outre mesure, la technique employée par l’auteure m’a elle, complètement convaincue.
Infos Pratiques :
Edition : Michel Lafon / Livredepoche
Prix du format numérique : 1.99€ chez Amazon / format broché : 17.95€ chez Amazon
Version poche : 7.60€ chez Amazon
Site de l’auteur : http://www.amelie-antoine.com/fr/5-2