En cette année 1370, dans l’impénétrable forteresse Kaliakra, au bord de la Mer Noire, le grand Despote de Dobroudja prépare sa flotte pour une nouvelle invasion. Mais l’arrivée à la cour d’une jeune femme aux pouvoirs étranges, accusée de sorcellerie et chassée par les siens, bouleverse à jamais son destin. La vengeance d’un esprit ancestral s’éveille et redonne vie aux plus anciennes légendes slaves. D’où viennent les pouvoirs de la jeune Bissera et que cache son cœur ? Sur fond de manigances politiques et de passions amoureuses, un conflit insurmontable naîtra entre le père souverain et son fils qui ne sera jamais son égal…
Sorcellerie. C’est le mot clé quand on veut me faire lire un bouquin. Malheureusement, il veut dire un peu tout et son contraire, et il apparait parfois qu’il est utilisé comme appât, comme si on balançait devant moi un carré de chocolat Milka factice pendant une de mes nombreuses périodes de régime. J’ai donc appris à me méfier et à ne plus sauter sur tout ce qui porte un balai et un chapeau pointu.
Ici le terme est utilisé avec justesse, et avec intelligence. Une pointe d’obscur, une pointe de mythologie, une pointe de culture slave, des intrigues politiques et un triangle amoureux, tous les ingrédients sont réunis pour former un ensemble parfait. Enfin presque. Puisque la perfection n’existe pas n’est ce pas?
Bissera est la protagoniste principale du récit : un peu guérisseuse, un peu voyante, et ce, de mère en fille, elle est accusée de sorcellerie, et enfermée dans une cage sur la place du village, livrée à la vindicte populaire. Ne me demandez pas pourquoi, mais tout au long de ma lecture, je l’ai imaginée avec les traits de Rebelle, la princesse de Disney. Je trouve que ça lui irait assez bien, même si j’ai un peu honte de l’admettre, je ne me souviens plus de quelle couleur sont ses cheveux d’après l’auteure. Et c’est le souci majeur de ce livre à mon sens, mais j’y reviendrai dans un instant. Bref, alors qu’elle est sur le point d’être lapidée, le Voïvode du coin (le seigneur, en gros), arrive à la rescousse sous prétexte qu’il est le seul à avoir droit de vie et de mort sur ses sujets. Il l’emmène au palais, et la met au cachot, pour l’en sortir rapidement quand il comprend qu’il pourrait profiter de ses dons (entre autre, évidemment), ce que cherche également à faire son fils (entre autre, évidemment. Non je ne radote pas). C’est un poil caricatural raconté comme ça, mais ça simplifie le truc. Parce que voilà, et je reviens à ce que je disais un peu plus haut, il y a un souci majeur dans ce livre : c’est très très compliqué, et il est très difficile de s’y retrouver.
Pourquoi c’est compliqué? D’abord, parce que nous plongeons dans la culture et la géopolitique slave du 14e siècle. C’est passionnant, mais c’est compliqué. J’adore cette culture, et ça a été un réel plaisir d’en apprendre un peu plus sur le sujet, mais l’écriture de l’auteure ne simplifie pas les choses, même si j’ai bien conscience que c’est pourtant sa volonté. En voulant tout expliquer pour ne pas perdre le lecteur et bien situer l’intrigue, elle le noie sous moults détails qui font perdre le fil de la lecture. Au point, parfois, de ne plus savoir si on parle du fils, du père, ou d’un de leur conseiller, par exemple. Et c’est fort dommage, puisque l’intrigue quant à elle, si elle n’est pas des plus originale, est plutôt bien ficelée, et le fond de l’histoire est très plaisant.
Il faut savoir que « Kaliakra » est le premier roman de Roxelane Alexandra Larossa, et il a été écrit en anglais d’abord. Je pense que le problème vient d’un souci de correction/traduction (parfois certains mots sont mal employés) et d’un manque de bêta-lecture qu’il faut juste imputer au manque d’expérience de l’auteure. Une relecture par des personnes extérieures avant la publication aurait certainement résolu le problème, et permit à Roxelane d’éclaircir certains points, ou de simplifier certaines descriptions.
Pour autant, et alors que j’ai remis à plus tard la lecture de deux autres romans par total manque d’intérêt ces dernières semaines, je suis allée jusqu’au bout de l’histoire avec plaisir, et je suivrai l’évolution de Roxelane Alexandra Larossa. D’ailleurs, et cela est également un petit point négatif à mes yeux, le roman se termine de manière un peu hâtive et bâclée, en plein milieu d’une action, alors qu’il n’est pas spécifié qu’il s’agissait du premier tome d’une saga. C’est toujours un peu décevant quand on s’attends à une « vraie » fin, alors qu’on ampute la résolution des intrigues pour les inclure dans la promesse d’une suite. Mais cela donnera une seconde chance à l’auteure de me séduire avec le reste des aventures de Bissera et ses compagnons.
Infos pratiques
Date de sortie : 27/03/2021
Prix du format numérique : 3.99€ sur Amazon
Prix du format broché : 14.79€ sur Amazon