« Tuấn Ngọc, jeune homme originaire d’Indochine, quitte son pays pour rejoindre l’armée coloniale. Il va combattre sous le drapeau français, c’est la Grande Guerre. Blessé au champ de bataille, il rencontre à l’hôpital une belle Française volontaire à la Croix-Rouge. Un amour naît. Mais dans une société conservatrice, cette union entre un soldat « indigène » et une femme française n’est pas du goût de tout le monde…
Publié en 1927 à Saigon, La Belle d’Occident est présenté comme le premier roman écrit par une femme vietnamienne, Huỳnh Thị Bảo Hòa, figure majeure des féminismes vietnamiens de l’entre-deux guerres. Son œuvre est traduite pour la première fois en langue occidentale. »
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un livre que j’ai découvert grâce à la vidéo de Christiane Tran jointe ci-dessous:
Quand je suis tombé dessus par hasard dans une librairie de la ville de Blois où je séjournais pour mon service civique, j’ai eu envie de sauter sur l’occasion pour le découvrir.
S’est-il montré à la hauteur de mes attentes?
C’est ce que nous allons voir…
Mon avis:
Quelle claque, mais quelle claque!
La qualité de ce livre me sidère!
Les dialogues sont incroyablement bien écrits et particulièrement mémorables. J’aime tout particulièrement la façon dont le personnage de Bach Lan a toujours une excellente réplique pour humilier ses adversaires et les remettre à leur place en atomisant leurs arguments.
Ce bouquin rejoint ma liste des livres dont la lecture serait obligatoire à l’école si j’étais président ou ministre de l’éducation. Tant qu’à en parler, cet ouvrage va sans aucun doute aussi rejoindre ma liste des livres que j’utiliserai pour essayer de donner le goût de la lecture à mes enfants si jamais j’en ai un jour.
J’ai été ravi d’avoir le regard d’une contemporaine du monde colonial sur ce dernier.
J’ai aussi été très agréablement surpris par la présence au moins un personnage français vertueux dans cette histoire car je m’attendais à ce que ce bouquin soit peut-être de la littérature revancharde ou contestataire par rapport à l’occupation coloniale du Vietnam par la France. Cela étant dit, les personnages français ne sont pas tous gentils dans ce roman et heureusement parce que sinon, ce livre aurait pu être un désastre du niveau du film « Un anglais sous les tropiques » de Bruce Beresford, adapté d’un roman de William Boyd que je n’ai pas lu (ce film est une honte du cinéma, même Sean Connery n’ a pas pu le sauver). Je dis cela, mais il est aussi possible d’écrire une histoire liée au colonialisme avec des personnages français non sympathiques ou gentils qui rate complétement comme le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier (que je considère comme étant le pire film français que j’ai vu de ma vie ex-aequo avec « Mystère à Saint-Tropez » de Nicolas Benamou). Ici, les personnages non contents d’être bien écrits n’ont pas un statut de gentil/méchant qui dépende de leur ethnicité. Il y a des bons et des mauvais aussi bien parmi les colonisateurs que parmi les colonisés, une nuance digne du superbe film « La Route des Indes » de David Lean (adapté d’un livre d’E.M. Forster que je n’ai pas encore lu). Je suis vraiment fasciné par le fait que Huỳnh Thị Bảo Hòa ai fait le choix d’écrire son histoire de cette façon plutôt que de rédiger une histoire opposant les deux peuples comme elle aurait pu le faire vu qu’elle était une vietnamienne contemporaine de l’occupation coloniale de son pays par la France. Ce choix fait de ce classique un cas d’étude encore plus intéressant à mes yeux.
Un autre truc qui m’épate avec ce livre, c’est le point auquel son style embellit tout. Si je vous racontait l’histoire avec mes mots, vous pourriez la trouver inintéressante, répétitive, pas vraiment exceptionnelle. Mais la plume de l’autrice fait passer ce récit parfois au bord du cliché ou du prévisible d’inintéressant à super marquant et agréable à lire (un peu comme la façon dont Gottfried John réussit avec sa performance d’acteur à rendre le personnage presque cliché du général Arkady Grigorovich Ourumov très mémorable et intéressant).
J’ai désormais très envie d’en apprendre plus sur Huỳnh Thị Bảo Hòa. Avant de la découvrir, les seules figures féminines fortes associées au Vietnam que je connaissais étaient les sœurs Trung dont je vous invite à découvrir ou à redécouvrir le parcours dans la vidéo jointe ci-dessous.
Comme je regrette que cette émission ait pris fin, elle aurait pu faire un épisode sur cette autrice.
En somme, je dirais que c’est un très bon livre qui est court, facile à lire avec une histoire immersive qui attrape son lecteur et lui donne très envie de la suivre jusque au bout, des personnages très attachants et des dialogues d’une superbe qualité.
Ce roman rejoint ma liste des livres à lire au moins une fois dans sa vie.
Cela étant dit, je me demande parfois si je ne suis pas sous l’emprise du biais de récence. Aussi, je serai ravi de savoir ce que vous pensez de ce livre si vous l’avez lu. N’hésitez d’ailleurs pas à me le dire en commentaire si ça vous tente.
En tout cas, je remercie Christiane Tran et la librairie blésoise pour cette merveilleuse découverte.
Si vous souhaitez commander ce livre:
https://livre.fnac.com/a15592877/Bao-Hoa-Huynh-Thi-La-belle-d-occident
Si vous souhaitez l’acheter dans une librairie indépendante proche de chez vous:
https://www.librairiesindependantes.com/product/9782367271040/
Sur ceux, je vous souhaite une très bonne année 2023, une aussi bonne santé et de toutes aussi bonnes lectures à tous et à toutes!
Merci pour votre fidélité et à bientôt pour des nouvelles chroniques.