La parole du chacal – Clarence PITZ

« Partez à la découverte du Mali ! Rencontrez son célèbre peuple, les Dogons, et partagez leur vie durant trois semaines ! Célébrez avec eux le fameux Sigui, fête religieuse qui n’a lieu que tous les soixante ans ! Profitez d’un voyage unique et exclusif en petit groupe. Inscrivez-vous dès maintenant, les places sont limitées. Dogons 2027, l’expérience d’une vie. »

Claire aurait dû suivre son intuition et renoncer à ce voyage. L’ombre fantomatique qu’elle a aperçue au milieu des tombes dogons dans un documentaire ne présageait rien de bon. Surtout qu’Armand, guide charismatique et anthropologue renommé, était resté curieusement évasif lorsqu’elle lui avait posé des questions sur ces caveaux. Armand, dont le coup de volant a plongé leur camionnette dans un marigot. Tout ça pour éviter un foutu chacal ! Le village dans lequel ils ont échoué après cet accident est peuplé d’habitants craintifs et entouré d’une nature hostile. Un village isolé et désuet où le temps semble s’être arrêté. Un véritable tombeau à ciel ouvert dont il est impossible de sortir. Dire qu’elle a entraîné Sacha, son fils de dix ans, dans cet enfer… Et que, chaque nuit, un mystérieux visiteur vient déposer d’étranges objets près du garçon.

Une auteure aussi drôle que belle, aussi cultivée que charismatique, un livre offert par une amie très chère (merci encore, ma Kateline) et un thème qui ne pouvait que plaire à l’ancienne étudiante en Histoire de l’Art que je suis ; comment aurais-je pu ne pas apprécier ce thriller ?

Dépaysement, exotisme et aventures sont au menu et nous embarquent sans attendre au Mali,  à la découverte des Dogons et de leurs croyances, coutumes et rites ancestraux. À la suite de ce groupe de touristes perdus, nous pénétrons dans les falaises dogons sous une pluie battante et trouvons refuge au sein d’un village fantôme oublié de tous. Puis, succèdent à l’orage un soleil de plomb, des insectes et bestioles en tous genres, des disparitions et des morts suspectes…

Dans une ambiance glauque, délétère et anxiogène, les protagonistes se débattent et tentent de survivre à l’abandon, à l’insalubrité et à la promiscuité tout en faisant face à la peur, à la soif, à la faim et aux tensions qui se créent entre eux. L’auteure mélange habilement culture, mystère et frissons et nous offre un thriller diablement efficace, où le suspense va crescendo jusqu’à un dénouement terriblement noir.

Servi par une plume efficace et enlevée, le texte est émaillé de quelques belgicismes amusants pour nous, lecteurs français. De petits riens qui font, entre autres choses, apprécier nos différences même au travers d’une langue commune. Pour exemple, je citerai des mots tels que savoir employé pour pouvoir, fort en lieu et place de très ou beaucoup, qui existe en français mais qui est aujourd’hui tombé quelque peu en désuétude, ainsi que les expressions avoir difficile à, ou bien encore se saisir que nous n’employons dans ce sens que sous la forme être saisi.

Une très agréable lecture, une bien belle découverte que je recommande chaudement à tous, le côté culturel très justement dosé nous permettant d’assimiler de nouvelles connaissances tout en étant suffisamment vulgarisé pour ne pas ennuyer le profane. En outre, quelques scènes bien trash raviront les amateurs de gore.

Bienvenue en pays dogon, bienvenue en enfer !

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