Après avoir lu cet hiver Les émeraudes de Satan (en découvrir la chronique) et Le manuscrit des damnés (chronique), les deux premiers thrillers ésotériques de Mathieu Bertrand, j’ai découvert Je pleurerai plus tard qui, lui, est un roman dramatique très noir dont je ferai un retour prochainement, à l’occasion de sa sortie en poche. En attendant, je vous parle de La Porte d’Abaddon qui est son quatrième roman et qui augure une nouvelle série dans la veine ésotérique. Je l’ai dévoré en deux fois seulement, ce qui, vous l’aurez compris, indique le plaisir que j’ai eu à le lire et confirme le talent de l’auteur. À noter aussi la très belle couverture, intrigante à souhait.
Janvier 1519 : Le capitaine Philippe d’Alesani est chargé par le connétable Charles de Bourbon d’épurer la France des sorcières qui la hantent et qui continuent à échapper à la Sainte Inquisition. Lors d’une mission, il poignarde le sorcier Bune avant que ce dernier ne puisse lui révéler l’emplacement de la Porte d’Abaddon.Janvier 2019, Sud de la France : Isabelle vit un enfer auprès d’un mari alcoolique et violent. Son fils se met en tête d’assassiner ce père qui les terrorise. Dans le même temps, le commandant Patricia Lagazzi, officier de gendarmerie spécialisé dans les affaires criminelles liées aux phénomènes inexpliqués est missionnée dans les Landes pour y enquêter sur des disparitions qui s’y succèdent dans des circonstances étranges. Deux histoires sans le moindre point commun et qui pourtant vont s’entrechoquer dans une lutte qui mêlera sorcellerie, ordre religieux et services spéciaux du ministère de l’Intérieur…
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce nouveau roman, c’est qu’y sont présentées deux histoires bien différentes : une enquête de police portant sur des disparitions inexpliquées menant à une affaire de sorcellerie et un drame de la vie quotidienne. Et c’est une intrigue maligne et bien ficelée qui relie innocemment les deux histoires, comme si l’auteur voulait jeter un pont entre son domaine de prédilection, l’ésotérisme, et son roman noir. Cela marque une volonté de sa part, me semble-t-il, d’ancrer ses intrigues dans un monde plus tangible et peut-être plus proche de l’ensemble des lecteurs que les deux précédents, qui étaient résolument axés sur des enquêtes liées au surnaturel. Il a réussi selon moi à créer un équilibre judicieux qui me semble à même d’élargir conséquemment son lectorat.
L’ensemble est tout à fait réussi, les deux parties s’imbriquant parfaitement dans un mécanisme bien pensé et bien huilé. J’ai été captivée de bout en bout, et par l’enquête et par le drame domestique, que l’auteur semble avoir à cœur de dénoncer. Encore une fois, nul temps mort n’est à déplorer, les péripéties et rebondissements s’enchaînent sans faiblir et le suspense est omniprésent.
Enfin, le style soigné et le vocabulaire recherché, bien que restant facilement abordables, indiquent clairement que Mathieu Bertrand ne se contente pas de raconter une histoire mais se montre assez exigeant vis-à-vis de lui-même. De quoi me donner envie de continuer à m’intéresser à cet auteur et à ses romans et me pousser à vous conseiller de les découvrir sans tarder.
La porte d’Abaddon, sortie aujourd’hui 8 juillet chez M+ Éditions.