Les chiens de Détroit – Jérôme LOUBRY

2013, à Détroit. Cette ville qui a été la gloire de l’Amérique n’est plus qu’une ruine déserte, un cimetière de buildings.
Cette nuit-là, la jeune inspectrice Sarah Berkhamp mène le groupe d’intervention qui encercle une maison et donne l’assaut.
Mais aucun besoin de violence, le suspect attend, assis à l’intérieur. Il a enlevé cinq enfants.
Et il est sans doute le Géant de brume, le tueur insaisissable qui a laissé derrière lui sept petits corps, il y a quinze ans. Alors pourquoi supplie-t-il Sarah : « Aidez-moi… » ?
L’histoire s’ouvre donc avec l’arrestation du coupable. Et pourtant, elle ne fait que commencer. À Détroit, personne n’est innocent…

À force de voir passer des critiques, le plus souvent élogieuses, sur les livres de Jérôme Loubry, j’ai fini moi aussi par sauter le pas. Mais comme j’aime bien commencer par le début, j’ai décidé que je ferais sa connaissance avec son tout premier roman, Les chiens de Détroit — qui était quand même dans ma liseuse depuis 2018 — au lieu du fameux Refuges que tout le monde encense, et ce, bien qu’il soit déjà dans ma pal. Commencer par le début permet, d’une part, de pouvoir juger de l’évolution de l’écriture et, d’autre part d’éviter une possible, mais pas obligatoire, déception.

Les chiens de Détroit est un court roman situé, comme son nom l’indique, aux États-Unis, dans la ville de Détroit. Il faut savoir que la cité en elle-même représente bien plus que le cadre du roman, c’est presque un personnage à part entière de l’histoire. Cette ville, autrefois la plus riche du pays, a fait faillite après avoir connu une crise économique tragique et « n’est plus qu’une ville riche de malheur ». Elle cristallise tous les espoirs, mais aussi les limites et les dangers du miroir aux alouettes en incarnant la fin du rêve américain. C’est là l’un des points forts de ce roman car l’atmosphère qui y règne est très bien rendue, presque palpable. Une ambiance très lourde et délétère qui campe le roman dans le noir et ne le contraint pas au genre policier.

Car c’est bien un policier auquel nous avons affaire là, avec des disparitions qui se rapportent à des meurtres antérieurs et une enquête menée par un duo de flics. Ce serait mentir que de dire que je n’ai pas trouvé ces deux-là un peu caricaturaux et « classiques », dans le genre « flic alcoolique » ou « flic torturé par son passé », mais ils n’en sont pas moins intéressants et fouillés pour autant. Le géant de brume, en revanche, est un personnage tout en ambivalence et en douleur dont le portrait est touchant et émouvant et que j’ai beaucoup plaint malgré tout. Le récit joue sur deux temporalités, ce que j’apprécie en général dans les romans, et oscille en permanence entre rêve et réalité, conte et vie réelle, brume et soleil, bien que le soleil ne brille pas beaucoup dans cette histoire très sombre.

Malgré une fin un peu trop rapide, surprenante et presque déroutante car elle suscite de nouvelles questions, Les chiens de Détroit reste pour moi un premier roman plus que prometteur qui me donne très envie de suivre l’auteur. Nul doute que le style de Jérôme Loubry, somme toute très personnel bien que parfois un tout petit peu trop travaillé, ce qui lui fait perdre de son authenticité, se sera aguerri et bonifié avec le temps et l’expérience. Je m’en rendrai bientôt compte en poursuivant très prochainement avec Le douzième chapitre.

 

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