Les espionnes du Salève T1 : l’envers du miroir – Mark Zellweger

Hanna Leibowitz, échappée de justesse du ghetto de Lodz, arrive à Genève en juin 1940 avec son tout jeune fils Avram. Elle a laissé son mari sur place, à son grand désespoir. Cependant, sa décision est prise, elle ne peut rester inactive devant ce déferlement de violence qui s’étend sur l’Europe. En se rapprochant de Victor Farrell, elle prend la tête d’un groupe de femmes de toutes nationalités, courageuses, qui n’ont pas peur de se battre pour la liberté, et résolument décidées à lutter contre le nazisme. Elles seront : « Les espionnes du Salève ». Le 1er juin 1941, Armand, jeune lycéen, résistant de Gex en zone interdite, est capturé par la Gestapo alors qu’il tentait de passer la frontière au nord de Genève. Pour les services secrets, une certitude s’impose petit à petit : on l’a dénoncé. Mais qui peut bien être le traître ? Les espionnes et leur réseau mènent leur enquête. Elles seront confrontées à des collaborateurs sournois prêts à les dénoncer, à des agents allemands déterminés et agissant en Suisse sous couverture, ainsi qu’à des trafiquants en tout genre. Leurs vies seront menacées à tout moment, mais elles ne lâcheront rien. Malgré le danger, les incertitudes et la peur, elles garderont le cap fixé : lutter contre la barbarie.

Les espionnes du Salève est le premier roman que je lis de Mark Zellweger. Je l’ai acheté dédicacé à l’auteur lors de notre rencontre au salon Noir Vézère du Bugue en 2019, et ce malgré le fait que l’espionnage ne soit pas plus que ça ma tasse de thé. Cependant, le sujet, la résistance suisse pendant l’occupation allemande de la France, a vivement capté mon attention, de même que le parti-pris de développer une intrigue dont les personnages sont essentiellement féminins.

Après une longue préface rédigée par un éminent historien, ceci afin de nous donner les bases nécessaires à l’appréhension du roman, l’auteur installe le contexte de son histoire de manière très détaillée. Cela peut sembler quelque peu ardu et longuet par rapport à l’ensemble du livre, car il y a beaucoup de faits historiques et de nombreux personnages, mais s’avère cependant nécessaire à une bonne compréhension. D’autant plus que Les espionnes du Salève n’est que le premier opus d’une trilogie auquel il sert d’introduction et qu’il constitue une mise en place du décor et des personnages.

Je ne vous cacherai pas que j’ai dû m’accrocher un peu pour en venir à bout car l’Histoire contemporaine n’est pas celle qui m’attire le plus (j’ai fait l’impasse sur les deux guerres mondiales lors de mes révisions pour le bac, c’est vous dire). Et d’ailleurs, j’ai toujours cru que la Suisse était restée un pays neutre. J’avais, comme tout le monde, appris l’existence de filières de passeurs et que beaucoup de juifs s’y étaient réfugiés, mais je ne savais pas qu’elle avait était taxée de collaboration passive, voire de profiteur de guerre, et encore moins qu’elle avait elle-même, comme tous les pays liés à la SDN, développé des réseaux de résistance, en lien avec les français. Je pense que, comme en France, et même comme en Allemagne, tout n’y était pas blanc ou noir et que différentes idéologies et factions s’y opposaient.

La petite histoire et la grande sont, au premier abord, si intimement mêlées qu’on ne sait plus parfois où se trouve la ligne de démarcation entre les faits et le roman. Heureusement, de presque purement historique au début, l’œuvre développe peu à peu son côté romancé jusqu’à proposer un juste dosage entre les deux. Et là l’intrigue trouve tout son intérêt et prend son envol, nous réservant du suspense, des aventures et de l’action. L’auteur nous campe de beaux portraits de femmes, ces héroïnes de l’ombre qui constituent le réseau appelé « les espionnes du Salève », et qui sont prêtes à tout, même à risquer leur vie, pour se battre contre la barbarie nazie et trouver la taupe à l’origine de l’arrestation d’un des leurs.

Si vous êtes un tant soit peu intéressé par le sujet et la période dont il traite, n’hésitez pas à vous procurer ce roman mêlant habilement Histoire, politique et espionnage, où Mark Zellweger nous livre un pan méconnu du passé de son pays et met en lumière le rôle que certaines femmes y ont joué. Pour ma part, j’ai d’ores et déjà dans ma pal les deux romans qui lui font suite : Bletchley Park et Le pacte Allen Dulles, dont je vous parlerai prochainement.

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