Lou Malis – Hollow West

16 octobre 2018 3 min read 14

« Il y a des pulsions en moi
Qui me font faire des choses
Des choses qu’il ne faut pas
Il y a des raisons à tout ça
Mais croyez-moi,
Elles ne vous plairont pas »

Parfois on croit avoir oublié certains événements, mais ils sont toujours en nous, à croupir dans les marécages de notre mémoire.
Jusqu’au jour où une main hostile les en extirpe…

Après le succès de « La dernière Page », publié en 2017, Hollow West sort son nouveau roman «Lou Malis». Énigmatique, comme il se doit.

Note de l’auteur : les pochettes surprises m’ont toujours enchantée. Tenir serré contre moi ce mystérieux paquet depuis le bureau de tabac jusqu’à l’appartement de mes grands-parents en imaginant ce qui m’attendait à l’intérieur… j’entends encore l’écho des battements fébriles de mon cœur. C’est ainsi que je conçois mes romans. Je dévoile une couverture, un titre, un 4 de couv… des indices imprégnés de l’âme du roman. Mais tout reste à être dévoilé. La seule chose que je vous promets, c’est du suspense, des fausses pistes et beaucoup d’émotion. Alors ? Tentés par l’inconnu ?

Chronique :

La couverture est gourmande. Dans tous les sens du terme. Elle représente très bien le livre, mais surtout Lou, personnage principal de ce second roman de Hollow West. Accro au sexe, ainsi qu’à la pâtisserie de luxe, la journaliste en perdition tente le tout pour le tout pour sortir un scoop et retrouver la confiance de son patron. Alors quand un cadavre tombe littéralement à ses pieds, elle saute sur l’occasion.

Les ingrédients de ce roman sont simples mais efficaces : sexe, rock, et meurtres louches en pagaille. Dans une ambiance très sombre, presque poisseuse, Hollow West nous emmène en balade au son de morceaux rock qui donnent le ton. Chaude, envoûtante, complétement paumée, Lou Malis ne mâche pas ses mots et n’a pas froid aux yeux. Bien sur, cela cache une ou deux blessures profondes. Schéma classique des anti-héroines, superbes mais, trash et bordéliques. Un peu à la Jessica Jones. C’était déjà le cas avec Roman, de « La dernière page », premier roman de l’auteur. C’est d’ailleurs une signature. Un style.

Le traitement du personnage ne donne pas à lui seul tout l’intérêt du livre. C’est de savoir le faire évoluer dans une intrigue fascinante, qui s’imbrique parfaitement avec le caractère du personnage qui est le principal point fort de « Lou Malis » et qui signe le talent d’Hollow West. Loin d’être un simple page-turner qui ne mise que sur le suspens, ce thriller est plein de psychologie, de contraste : à la fois tendre et violent, sombre et étincelant. C’est cette plongée dans les rues de Paris, la nuit, aux côtés d’une jeune femme avide d’émotions fortes pour remplir le vide intérieur qui la caractérise, cette promenade au cœur d’une enfance brisée, de tragédies emmêlées, imbriquées les unes dans les autres par erreur, ou par hasard, qui donnent toute la dimension au roman. Le lecteur a, de fait, du mal à lâcher l’histoire. Il veut connaître le coupable, évidemment, mais il veut savoir où va Lou Malis. Il veut la voir évoluer, résoudre, ou non, ses problèmes. Lui prendre la main pour la rassurer, lui donner une gifle pour la réveiller et la sortir de se torpeur malsaine.

Mais Lou Malis n’est pas la seule personnage du roman. l’enquêteur principal, le légiste, les ami(e)s de Lou, qu’ils soient mentionnés une fois ou qu’ils reviennent régulièrement au fil des pages, chacun possède un caractère savamment étudié, fouillé, profond. Personne n’est laissé sur le carreau, et tous participent, de près ou de loin, à l’intrigue. Cette dernière, remarquablement bien construite, menée de main de maître, embarque le lecteur sur des sentiers sinueux, balisés par le doute.

Incontestablement un livre à croquer.