« Elle est insolemment rayonnante. La lumière éclaire le haut de son visage et souligne parfaitement ses traits. J’aperçois les petites ridules qui dansent autour de ses yeux noisette. Je les aime tant. J’y vois tous les moments de joie que l’on a partagés. J’y vois le nombre des années passées ensemble qui me rend invariablement nostalgique. Elle s’arrête encore une fois, hésite, me sourit et je comprends. Ce sourire, ce n’est pas n’importe lequel. Ni forcé, ni crispé, il inonde tout son visage d’une toute autre manière et me laisse entrevoir un sentiment resté jusque-là inconnu. C’est un sourire sincère et bienveillant. Mais c’est surtout, un sourire de bilan. Celui que l’on fait à quelqu’un qui a été important, qui le restera mais qui est définitivement sorti du périmètre de sa vie. Elle est en train de me regarder comme une chose du passé, d’une époque révolue. Ce sourire est empli d’une tendresse amicale teintée de quelques regrets peut-être, l’ultime signe qu’elle ne reviendra plus. » La femme de Wandrille est partie. Elle l’a quitté pour un autre il y a environ un an. Il peine à comprendre pourquoi. Depuis, lorsque son tour de garde se termine, il raccompagne ses deux enfants, Léandre et Clara, dans leur nouvelle maison où il n’est plus qu’un invité de passage une semaine sur deux. Entre un emploi devenu plus un placard qu’une vertueuse réussite, des collègues envahissants, des allers-retours quotidiens en train de banlieue, un chat qu’il déteste et une famille au bord de l’éclatement, il s’accommode avec difficulté de cette nouvelle vie de célibataire faite de routine et d’arrangements. Il ignore encore que l’un de ses banals trajets va lui faire prendre des chemins dont il ne soupçonnait pas l’existence.
Chronique :
C’est la couverture qui m’a fait accepter ce service presse. À la fois banale et intrigante, elle dit tout, mais ne dit rien. J’ai décidé de dire oui sans même lire la 4e de couverture, et je dois dire que quand je l’ai parcourue à la réception du livre, je me suis dit que j’avais fait une bêtise. Je ne suis pas fan de romance, et le résumé m’a fait penser à ce genre. Je m’étais engagée à le lire, je l’ai donc ouvert.
J’en ai été finalement ravie. « Même quai, voie en face » n’est pas une romance. Il s’agit plus d’une histoire de vie. Une histoire bien écrite, sans souci de syntaxe ni d’orthographe. Le roman est court, se lit rapidement. Il est parfait pour se détendre et s’évader quelques heures dans une jolie bulle. Si le roman se classe dans la littérature contemporaine, il contient une note de suspens très agréable qui donne un peu de piment à la lecture. Bien sûr, rien à voir avec un thriller ou un polar, mais l’on suit Wandrille, le personnage principal, en pleine quête d’identité suite à une séparation. Englué dans une vie quotidienne banale, solitaire et grise, il se sent attiré comme un aimant par une jeune femme croisée dans son trajet de train quotidien. Alors qu’il ne sait rien d’elle, sa vie commence pourtant à changer, pendant qu’un élément de son passé remonte inopinément à la surface.
Julie Certines a su m’embarquer en douceur dans son histoire. Grâce à un vocabulaire simple et à un style fluide très agréable à lire, l’auteur déroule l’histoire de son personnage sans accro. Articulée en trois parties, la vie de Wandrille évolue, serpente du présent au passé pour mieux se définir. Il ne s’agit pas d’une histoire d’amour, il s’agit d’une histoire d’instinct, de hasard provoqué. Certains diraient qu’il s’agit d’un roman de gare, d’un roman de plage. Loin d’être péjoratif, il s’agit en effet d’un roman qui fait du bien, et qui se lit rapidement, sans donner de leçon, sans trop vouloir faire réfléchir. Il n’a d’autre ambition que celle de nous emmener ailleurs, et il atteint clairement son objectif, sans tenter de faire pleurer dans les chaumières, sans tenter d’hameçonner les lectrices « fleur bleue » avides d’amour et de romantisme. Une qualité rare de nos jours.
Infos Pratiques :
Date de sortie : juin 2017
Prix du format numérique : 2.99€ sur Amazon
Prix du format broché : 6.99€ sur Amazon
Page facebook de l’auteur : https://www.facebook.com/juliecertines/