La ménagerie de Sarah Bernhardt, J-L Komada

L’auteur :

logo-autoedites Jean-Luc Komada a passé une bonne partie de sa vie à Belle-Ile-En-Mer, où il a découvert, à 6 ans, la vie de Sarah Bernhardt au Musée de La Citadelle. Si « La ménagerie de Sarah Bernhardt » est son premier roman, il est inspiré d’une pièce de théâtre que Komada a écrit il y a une dizaine d’année sur le même thème.

Résumé du livre/4ème de couv’ :

Ce roman épistolaire fictif brosse le portrait de Sarah Bernhardt à travers les échanges de courriers entre l’acteur Jean-Mounet Sully, qui entretient avec l’actrice une liaison tumultueuse et s’inquiète de sa fréquentation avec un jeune premier, Victor, et Louise Abbéma, une amie très proche de Sarah. Empreint de jalousie, Mounet-Sully tente de convaincre Louise d’espionner la tragédienne à son compte.

Tous deux font entrevoir, à travers des dialogues drôles et captivants,  des facettes méconnues d’une femme à la fois enthousiaste, romantique et provocatrice, fervente militante politique remplie de valeurs fraternelles et de modernité.

 

Mon avis :

L’histoire

Nous suivons donc la correspondance entre deux personnages; d’un côté, Louise Abbéma, amie très proche de Sarah Bernhardt, homosexuelle affirmée, la plupart du temps habillée en noir, de façon très masculine, au caractère bien trempée. De l’autre, Jean Mounet-Sully, sociétaire de la Comédie Française et ancien amant de Sarah. L’amant déchu voudrait que Louise s’interpose et protège Sarah Bernhardt d’un bellâtre dénommé Victor, qui, selon le comédien, veut mettre le grappin sur la Divine et lui porter préjudice.

En parallèle, nous suivrons la correspondance, entre ce même Victor et Gabrielle, une sociétaire de la Comédie Française elle aussi, à la même époque que Mounet-Sully.  Louise Abbéma et Jean Mounet Sully ont réellement existé. Les faits énoncés concernant leurs carrières respectives sont vrais, comme ceux de tous les personnages réels que nous croiserons au cours des pérégrinations de Sarah, seuls les correspondances et le récit sont fictifs. Victor et Gabrielle, eux, sont de purs personnages crées pour le besoin du texte. Ils apportent néamoins un éclairage nouveau sur le récit, permettant  d’appréhender une même anecdote selon différents points de vue.

Après avoir rejeté la demande de Mounet-Sully, Louise va finalement accepter de lui raconter tout ce qu’il se passe au Fortin de Belle-Ile-en-Mer, où Sarah Bernhardt passe des vacances en compagnie de tous ses animaux, et de ses amis. En parallèle, Victor, lui, répondra brièvement à Gabrielle, son ancienne maîtresse, qui essaie en toute discrétion, croit-elle, de le récupérer. Leur correspondance s’étoffera au cours du récit, ponctuée d’une vision extérieure plus légère que celles de Louise et Jean.

Ces échanges épistolaires nous immergent totalement dans le monde et la personnalité de Sarah Bernhardt. Un monde où l’on croise dans la même pièce un serpent, un singe et un crocodile, Oscar Wilde, Lucien Guitry, son petit garçon Sacha, et Marcel Proust, entre autre….

Mon ressenti

Je lis tous les genres, même si j’ai toujours eu une préférence pour les thrillers et les romans bien noirs. Mais les romans épistolaires, ça ne m’a jamais vraiment attiré. Je ne pense d’ailleurs pas en avoir déjà lu un, sauf peut-être à l’école, mais je n’en ai aucun souvenir. C’est donc assez dubitative, et curieuse que j’ai entamé la lecture de « La Ménagerie de Sarah Bernhardt ». Sarah Bernhardt, je connaissais vaguement. Son nom flottait vaguement au fin fond de ma culture générale, mais sans plus. Je savais juste que c’était une femme de convictions, grande comédienne française.

Sarah Bernhardt

Après avoir refermé le livre (ou plutôt ma liseuse, mais peu importe, vous avez compris :p), je dois dire que j’ai eu envie d’en apprendre plus sur elle. Ce roman m’a passionné, et je pense qu’un jour je piocherai dans la liste d’ouvrages dont l’auteur s’est documenté pour écrire ce livre.

Le genre épistolaire m’a plu d’une façon assez étrange, que j’ai un peu de mal à mettre en mots. C’est une sensation assez intime que de lire le courrier d’autres personnes. Et même si il s’agit là d’un roman épistolaire fictif, je me suis parfois sentie un peu « voyeuse », « espionne »….une sensation finalement assez agréable, quand elle nous permet d’entrer de manière indirecte et douce dans l’univers de la comédienne. Nous apprenons à connaitre Sarah Bernhardt de la même façon qu’on apprends à connaitre nos arrières grand parents et leurs parents : par le récit qu’en font les autres. Et cette façon de voir quelqu’un par les yeux d’un autre donne un côté rassurant, surtout quand plusieurs personnes en parlent.  Presqu’un côté cosy. On a l’impression d’être au coin du feu, et d’assister à la vie quotidienne au fortin avec tous ces artistes.

Comme c’est ma première lecture du genre, je ne peux vous dire si c’est la méthode de la correspondance qui donne cet esprit, ou si c’est simplement l’écriture, et la passion de Jean-Luc Komada qui donne ce coup d’éclat à l’histoire de cette femme.

Dans tous les cas, ce récit nous emmène dans une sorte d’esprit boudoir, au cœur du 19ème siècle, avec toutes les excentricités d’une tragédienne dont la renommée dépasse nos frontières, première « star internationale », mais également toutes les moeurs, les inégalités, bref, tout ce qui fait la société d’alors nous y est dépeint à travers le regard des protagonistes dont nous lisons la correspondance : antisémitisme (on parle de l’affaire Dreyfus), homophobie, et j’en passe, ce roman épistolaire n’est pas juste un roman, c’est presque une photo. Un arrêt sur image qui nous permet de mieux comprendre le contexte dans lequel Sarah Bernhardt a pu se construire et devenir, comme le disait Jean Cocteau, un monstre sacré.

Infos pratiques

Date de sortie : Juin 2016

Editeur : « Publishroom, maison d’auto-édition »

Prix du format numérique : 4.99€ chez Amazon

Prix du format broché : 21€ chez Amazon (344 pages)

Site internet de l’éditeur, en l’absence de site de l’auteur : http://communaute.publishroom.com/membre/komada

 

Ce livre m’a été envoyé sous format numérique par la maison d’auto-édition Publishroom pour revue honnête. Plus d’infos sur la page A Propos du site.

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