Abigaëlle, Philippe, Sofiane, Bastien, Léopold.
Margot, Daphné, Théo, Lucas, et Romane.
Le 13 novembre 2015, tous verront leur vie basculer au Bataclan.Les personnages de cette histoire sont fictifs. Imaginés, inventés. Tels peut-être qu’ils ont habité vos pensées, car ils sont nous tous.
Ce texte est un roman, mais c’est avant tout un hommage à toutes les victimes de ce jour-là. Celles qui n’ont pas survécu, celles qui luttent aujourd’hui pour continuer simplement à vivre.Au nom de quoi n’est pas un témoignage. Ou plutôt si, c’est celui de la plus intolérable des réalités.
La moitié des bénéfices tirés de ce roman sera reversée à une association œuvrant en faveur des victimes du terrorisme.
Ce roman a d’abord été publié sous le pseudonyme de Dorian Meune, pour des raisons de contrat avec la maison d’édition d’Amélie Antoine.
Avant-propos
C’est mon oncle qui m’a recommandé ce livre. Je l’ai acheté sans connaître l’auteure, qui avait d’ailleurs écrit ce roman sous pseudonyme au départ. Ce bouquin m’intriguait. Les attentats m’ont bouleversée. Comme chacun d’entre eux, ici, ou ailleurs. Peu importe les raisons, peu importe le contexte. Mais voilà, c’est arrivé à deux heures de chez moi, dans une ville que j’apprécie beaucoup et dans laquelle j’ai pas mal d’amis. Comme pour les attentats du 11 septembre 2001, je me souviens très exactement où je me trouvais quand j’ai appris la nouvelle. J’étais avec mon père, dans notre restaurant favori à Lille. On venait de terminer une grosse journée, et on se détendait. Jusqu’à ce que la gérante du restaurant -qui est une de nos amies- vienne nous voir pour nous annoncer la nouvelle. Je me souviens surtout de cette sensation, cette urgence, de rentrer pour serrer mes enfants dans mes bras. De cette sensation de vide. De Mort. Comme beaucoup, et ce malgré moi, j’ai été pendue pendant plusieurs jours aux chaines d’infos, les larmes inondant mon visage, la colère au ventre. Puis c’est retombé. Comme à chaque fois. Parce que oui, ça arrive désormais régulièrement. Chaque fois on refait le monde, on se dit qu’il faut tout changer. Puis on reprends la routine. Quand on a la chance de pouvoir la reprendre.
Depuis ces derniers attentats français, et surtout, depuis la réaction de mes enfants à ces attentats, j’ai pris beaucoup de recul sur la couverture médiatique de ces drames, et j’ai décidé de mettre tout ça de côté. D’ailleurs, je ne regarde quasiment plus les infos. Alors j’avoue que j’avais une appréhension sur ce livre. Plusieurs en fait. J’avais peur qu’il ne soit que voyeurisme, peur qu’il ne soit que moralisateur, peur qu’il ne soit trop victimisant, frôlant le pathétique, et peur qu’il ne soit qu’un torchon surfant sur la « mode » du terrorisme, à la BFMTV. Peur qu’il soit tout ça à la fois… Quand j’ai vu qu’Au Nom de Quoi était une fiction, basée sur des faits réels et ultra récents, certes, mais fiction tout de même, ça m’a un peu rassurée. Et j’ai allumé ma liseuse. J’ai lu d’une traite. Je crois que ça m’a pris une heure et demie à peu près. J’ai pleuré en lisant pendant 40 minutes. Ça ne m’étais jamais arrivé. Je pleure comme une madeleine devant Grey’s Anatomy, parfois même devant The Walking Dead; je pleure à ne plus savoir m’arrêter devant Philadelphia, mais sur un livre, ça ne m’était jamais arrivé. Je suis incapable de dire si c’est l’émotion contenue et retranscrite dans le bouquin qui m’a bouleversée à ce point, si c’est l’empathie que j’ai éprouvé envers les personnages, et/ou leurs proches, ou si c’est les réminiscences des émotions de novembre, et c’est certainement un mélange des trois, mais j’ai pleuré. Pas juste des larmes qui coulent, non. J’en avais mal à la gorge de devoir ravaler mes sanglots.
Chronique
Dans « Au Nom de Quoi », Amélie Antoine nous fait suivre le quotidien de dix personnages. Avant les attentats. Pendant. Après. Un roman en trois parties, pour dire l’indicible. Sans jugement. Sans parti pris. Sans voyeurisme. Sans victimisation. La justesse du récit, la vérité toute quotidienne, qui nous renvoie brutalement à notre petite vie tranquille, donne à ce bouquin une authenticité à couper le souffle, nous chuchotant à l’oreille que ça aurait pu être nous, notre amie, notre voisin, un parent, ou un enfant. Chacun des dix personnages que l’on suit pendant ces quelques heures pourrait être réel. Ce livre aurait pu être un « vrai » témoignage. Ce n’est pas le cas, c’est une fiction. Une fiction rédigée avec une plume si authentique, si légère et à la fois tellement encrée d’amour, d’effroi, de douleur, qu’elle ne peut laisser personne indifférent.
Les personnages sont très travaillés, même si j’ai regretté que certains soient privilégiés (en longueur de texte) par rapport à d’autres. Cela déséquilibre un peu l’émotion à la lecture, alors que chacune des pages mérite finalement la même considération. La construction Avant/Pendant/Après est par contre une vraie bonne idée. Je crois d’ailleurs que c’est ce qui donne toute l’intensité au livre. Parce qu’on entre dans la vie des personnages, que chacun de nous pourra s’identifier à l’un d’entre eux, ou y reconnaître une personne de notre entourage.
Mais surtout, ce qui est frappant, c’est cette émotion transmise entre les lignes. Amélie Antoine sait comment poser les sentiments sur le papier. C’est presque instinctif, et je sais, pour en avoir déjà discuté avec elle qu’elle ne s’en rend presque pas compte. Je rapproche souvent la plume d’Amélie avec celle de Jo Rouxinol, parce que ces deux auteures indépendantes (même si Amélie Antoine est désormais hybride) sont celles dont les mots me touchent le plus dans cette façon d’être vraie. Et c’est quelque chose, malgré mes nombreuses lectures et mon expérience de l’auto-édition, que j’ai rarement rencontré.
Ce livre n’a pas rencontré un public énorme en France. Sans doute est-il sorti trop tôt, un peu plus de six mois après les attentats. Peut-être certains ont ils cru à un moyen indécent de vendre des livres sur un fait d’actualité atroce. Le fait d’avoir été publié sous pseudonyme au départ a certainement joué. Pourtant, il mérite d’être lu. Il nous rappelle juste de ne pas perdre de temps. Que la moindre parcelle de vie mérite d’être vécue, que la moindre étincelle de bonheur doit être saisie, même au cœur du chaos. Parce que rien ne dure. Parce que rien n’est certain.
Infos pratiques
Éditeur : Auto édition
Prix du format papier : 11.98€ sur Amazon
Prix du format numérique : 4.99€ sur Amazon
Site de l’auteur : https://www.facebook.com/AmelieAtn
version anglaise : 7.87€ en broché