Changer de vie, partir, fuir ses problèmes.
Ibrahim fait le choix difficile, pour sa famille et lui-même, de déménager, de traverser la France pour laisser loin derrière eux les tourments qui les rongent.
À leur arrivée dans cette nouvelle maison, déjà riche d’Histoire, tout paraît se présenter sous les meilleurs auspices, chacun voit dans ce changement radical une occasion de se reconstruire.
Pourtant, un regard extérieur, inquisiteur et violateur, viendra très vite remettre en question cet équilibre qu’ils pensaient avoir enfin trouvé et raviver leurs vieux démons.
Le dernier Cetro, sorti il y a tout juste quelques jours, m’a indéniablement fait de l’œil en dévoilant son sujet mais aussi, bien que ce ne soit qu’un détail, parce qu’il se déroule à Cissac-Médoc, petit village où j’ai vécu pendant plusieurs mois.
Observés, à l’image des précédents, n’est pas qu’une histoire. Que ce soit en littérature blanche, dans ses nouvelles et ses tranches de vie ou bien encore dans ses romans noirs, ses drames psychologiques et ses thrillers, l’auteur aime bousculer son lecteur, le pousser dans ses retranchements et le mettre face à un miroir. Ici, le sujet m’a particulièrement touchée, réveillant en moi des réminiscences de souvenirs que je préfère, la plupart du temps, laisser enfouis dans les brumes du passé parce qu’ils ne resurgissent jamais sans s’accompagner d’une souffrance encore aiguë malgré le temps écoulé. Il est des blessures dont on ne se remet jamais complètement et qui ne demandent qu’à se rouvrir au gré de certaines circonstances… ou de certaines lectures.
Dans Observés, chacun des personnages souffre de manière différente, mais Ibrahim, le père, va prendre de plein fouet ces circonstances qui vont ranimer en lui des souvenirs amers et destructeurs, jusqu’à l’amener à changer sa façon d’être, Menace d’un corbeau, voyeurisme, harcèlement, paranoïa, vengeance, peurs primales autant que primaires et répercussions dramatiques de traumatismes liés à l’éducation sont les grands thèmes abordés par l’auteur. Les vieux démons et les fantômes ne sont jamais très loin et ne demandent qu’à refaire leur apparition au gré de ces fameuses circonstances.
La mécanique est bien huilée, poussée à l’extrême – mon dieu ce final !!! – afin d’illustrer comment des personnes tout à fait banales et ordinaires – votre voisin ou collègue, vous ou moi – peuvent réagir quand elles sont confrontées à des situations extraordinaires et sous la pression de différents éléments imprimés dans leur psyché, jusqu’à, peut-être, perdre toute humanité, voire se perdre elles-mêmes.