À tout juste 20 ans, alors qu’il chahute avec des amis, Fabien heurte le fond d’une piscine. Les médecins diagnostiquent une probable paralysie à vie. Dans le style poétique drôle et incisif qu’on lui connaît, Grand Corps malade relate les péripéties vécues avec ses colocataires d’infortune dans un centre de rééducation. Jonglant avec émotion et dérision, ce récit est aussi celui d’une renaissance.
L’auteur
Plus connu sous le pseudo Grand Corps Malade, Fabien Marsaud est arrivé sur la scène publique en 2005. Ainsi, la notoriété commence à la sortie de son premier album, Midi Vingt. Né en 1977, en Seine-St-Denis, il fait partie de ceux qui portent le Slam haut et fort en France. Après 5 albums, il rédige un livre sur l’année de rééducation qu’il a dû effectuer après un grave accident lors d’un plongeon dans une piscine. Le 1er mars, dans les salles obscures, « Patients » sort en version cinématographique. Un nouvel opus audio, bande originale du film suit.
L’histoire
Fabien a 20 ans. Il plonge un été dans une piscine et sa vie en est bouleversée. Plongeon trop à pic, pas assez d’eau. La tête heurte le fond et une vertèbre cervicale se fracture, pour aller se planter dans la moelle épinière. Fabien nous raconte alors son arrivée au centre médical. Le personnel, les patients, tout est retracé du début de la réeducation à la sortie du centre. Surtout l’appréhension du concept de handicap.
Mon avis
Le livre commence sur les paroles de deux des morceaux les plus connus de Grand Corps Malade. « 6e sens », et « Je dors sur mes deux oreilles »
Un style direct, des mots choisis, précis. On retrouve dans le livre l’univers des albums musicaux, de certaines chansons. Finalement, les deux morceaux dont les paroles sont mises en prologue dans le livre résument l’histoire que Fabien nous conte.
Il nous amène dans son quotidien au centre de rééducation pendant un an. La découverte des lieux, progressive en fonction de son état. Les amis, les patients, le personnel soignant, les problèmes, les solutions, quand il y en a. Et finalement ce n’est pas tant son histoire qu’il raconte, mais celle de chaque handicapé. Avec beaucoup de pudeur, mais surtout beaucoup d’humour et de pragmatisme, la vie au jour le jour des paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens et autres handicapés est mise à l’honneur. Avec les bas, bien sûr, principalement ceux que le quidam ne soupçonne pas. Mais aussi et surtout les hauts. Les blagues, les amis, les soutiens.
Une vérité sans chichi
Un voyage authentique au cœur d’un accident qui peut toucher chacun d’entre nous à n’importe quelle période de notre vie. Une présentation de chaque personne que chacun d’entre nous pourrait rencontrer à son arrivée dans un centre de rééducation. L’infirmière « connasse », le médecin impersonnel et hautain, mais surtout le kiné bienveillant, les aides-soignants, les infirmières, les médecins, qui aident et soutiennent. Et puis les colocataires. Ceux qui souffrent aussi de handicap et qui se retrouvent dans le même état. Avec plus ou moins d’ancienneté. Avec plus ou moins de facilité à comprendre et accepter ce qui leur arrive.
Et puis Fabien parle de l’avenir. Ou plutôt, du concept « avenir » dans la tête d’un être humain victime de handicap. Encore une fois avec authenticité, simplicité. Il nous raconte comme il raconterait à ses amis. Et le style n’en est que plus agréable. On a l’impression de l’entendre chanter. Le livre est court (168 pages), se lit rapidement. L’histoire ne marque pas la vie entière, mais cette impression de bienveillance et d’optimisme fait du bien. Et la vérité, crue, cruelle, parvient à nos coeurs comme une piqûre de rappel. Elle nous dit, nous martèle, de ne pas se fier aux apparences. D’apprendre à connaitre les gens, quels qu’il soient, avant de juger. Nous dit que le handicap, ce n’est pas seulement ne plus pouvoir marcher ou voir, c’est tout un tas d’autres choses.
Une vision interne du handicap, sans verser dans le larmoyant. Le récit est poignant, mais ne fait pas pleurer. Il n’est pas fait pour que le lecteur s’apitoie sur le sort des handicapés. Il est fait pour le lecteur rit avec les handicapés. Comme avec n’importe quelle autre personne.
Infos pratiques
Maison d’édition : Don Quichotte (broché & numérique)/Points (poche)
Date de sortie : octobre 2012 en broché et numérique, janvier 2017 pour la version poche.
Prix
- numérique : 5,99 € chez Amazon
- broché : 15 € chez Amazon
- poche : 5,90 € chez Amazon
Site de l’auteur : http://www.grandcorpsmalade.fr/