Australie, 2016.
Sept ans après un massacre qui a décimé toute une famille, de nouveaux meurtres surviennent à Melbourne. Des homicides si sordides que la Sorcellerie de Chair, taboue depuis les grandes chasses qui ont déchiré le pays, est évoquée.
Pour Arabella Malvo, lieutenant de la brigade criminelle, ils s’avèrent particulièrement déstabilisants. Pourquoi les victimes lui ressemblent-elles comme des sœurs ? Le meurtrier la connaît-elle ? Pourquoi maintenant ?
Une chose est sûre : l’abîme qu’elle fuit depuis toutes ces années risque de s’ouvrir à nouveau sous ses pieds. Et cette fois, de l’engloutir pour de bon…
Chronique :
Bien bien bien. Ce livre, je l’ai lu il y a trois ans maintenant. La chronique était dans mes brouillons depuis décembre 2018, je ne l’avais jamais terminé, jamais publiée. Puis le second tome est sorti, et j’ai eu envie de me replonger dans « Sorcière de chair » pour mieux appréhender sa suite. C’est la première fois que je lis un livre pour la seconde fois. C’est aussi la première chronique que je rédige depuis trois ans. Je me souviens avoir discuté de ce livre avec plusieurs personnes à l’époque. Et j’avais la sensation que mon avis était en décalage avec ceux des autres, mais cela m’arrive fréquemment. Après avoir relu le roman, je pense que je devais (déjà) être en overbooking à ce moment-là, et que j’étais juste saturée de lecture. Je dis souvent que la perception qu’on a d’un livre (ou d’un film d’ailleurs) dépend de notre état d’esprit à la lecture (ou au visionnage) et j’en suis de plus en plus persuadée.
Ce n’est un secret pour personne que j’affectionne particulièrement la witch-lit. Les sorcières et moi, c’est une histoire d’amour depuis que je suis petite, c’est un univers, une philosophie, qui m’a toujours passionnée et guidée. Alors j’ai tendance à sauter sur tout ce qui revendique un tant soit peu de magie ou de sorcellerie, de quelle sorte que ce soit. Bien sûr, il y a du bon, du moins bon, et du carrément mauvais. J’avais, il a trois ans, je m’en souviens encore, classé « Sorcière de chair » dans les bons. Bon, mais sans plus, même. Je l’avais trouvé divertissant, mais pas inoubliable. Et pour tout vous dire, quand je l’ai ouvert à nouveau, j’ai eu l’impression de redécouvrir l’histoire.
« Sorcière de chair » est à classer dans le genre signature de la maison d’édition Noir d’Absinthe : c’est un mélange. Un thriller polar fantastique. Pour être plus précise, je dirais même un livre de Urban-witch-thriller-fantasy. Ouais, je sais, ça n’existe surement pas. C’est ça qui est bon chez Noir d’Absinthe. Le mélange des genres est toujours novateur. Et oui, je le sais bien, ces dernières années, les librairies et les E-librairies regorgent de bouquins qui revendiquent la même chose ; mais Noir d’Absinthe est une des premières maisons d’édition indépendantes à en avoir fait son cheval de bataille, et en plus, elle le fait bien. Alors si vous n’aimez pas l’imaginaire, le monde policier, ni les scènes (sexe et violence) un peu gores (pour moi elles ne le sont pas, mais je sais que pas mal de lecteurs y sont bien plus sensibles que moi), passez votre chemin.
Parce que Sarah Buschmann ressemble à un petit bout de femme souriant et semble totalement innofensive. Fragile même. Mais quand on referme le livre et qu’on la croise au coin d’une allée de salon littéraire, on se demande si, finalement, aller lui parler ne serait pas un peu dangereux. Je vous rassure, elle est gentille. Mais les descriptions qu’elle dissémine ici et là dans son roman sont ciselées et sombres. Elles permettent au lecteur de s’immerger dans l’univers du roman dès les premières pages. Tout semble étouffant, chaud, un peu moite et donne à tout bruit anodin survenant pendant la lecture une impression suspecte. Les personnages, eux aussi, sont traités avec une justesse et une finesse très plaisante. Les personnalités sont bien construites et les actions de chaque protagoniste sont en cohérence totale avec elles. Le contraire aurait été étonnant, Sarah Buschmann est psychologue. L’histoire, quant à elle, débute sur quelques pages terrifiantes. Les lecteurs qui n’en sont pas friands ne doivent pas y trouver là un obstacle. La violence, ici, n’est pas gratuite. Elle ne sert qu’à illustrer les actions des personnages et trouve son origine dans leur passé. Et c’est ce qui rend finalement leur présence, à mes yeux, indispensable, et pas si « terrible ». En tout cas, ce n’est pas ce qui définit le roman. Au contraire, les scènes de violence, d’horreur même, ne sont, pour moi, que des ponctuations. L’important dans l’histoire, ce sont les deux intrigues que Sarah nous propose : l’histoire d’Arabella, le personnage principal, dont alternativement avec le présent, l’auteure nous plonge dans le passé ; et l’enquête policière dont est en charge notre lieutenant de la criminelle. Les deux intrigues principales se croisent, se décroisent, s’imbriquent et se détachent au fur et à mesure que les pages sont tournées, et de petites intrigues secondaires y sont ajoutées, comme pour mieux perdre le lecteur et ajouter une dimension de suspense qui croît tout au long de la lecture. Et alors que d’habitude, je râle parce que je découvre le coupable bien avant la fin du livre, et alors même que je l’avais déjà lu, j’ai réussi à me faire surprendre.
Seul un détail m’a fait un peu tiquer lors de la chute. Et je considère ce détail comme une incohérence. Je ne peux malheureusement pas en parler de peur de vous dévoiler l’histoire, mais je pense que j’en toucherai un mot à l’auteure, ou tout au moins que j’en discuterai avec Morgane, la créatrice de Noir d’Absinthe. Si vous aviez envie d’en discuter, je suis disponible sur les réseaux sociaux.
En résumé, je suis ravie d’avoir replongée au cœur de l’Australie avec ce bouquin, dont la couverture d’Emilie Léger, au passage, est juste magnifique, et je ne peux que vous le recommander. Attention juste aux âmes sensibles, je ne dirai pas qu’elles doivent s’abstenir, mais au moins, être prévenues que certains passages peuvent être un peu plus difficiles à lire que d’autres.
Infos pratiques :
Date de sortie : 6 octobre 2018
Editions Noir d’Absinthe
Prix du format numérique : 4.99€ sur Amazon
Prix du format broché : 19.90€ sur Amazon