Ce que l’aube promet au jour n’est souvent qu’un leurre. Anne Carrière le vérifie à chaque découverte macabre. Cette fois-ci, il s’agit d’une jeune femme, Sandra Link, 24 ans, retrouvée morte dans sa baignoire. Un banal suicide, à première vue, comme il en existe toutes les quarante secondes dans le monde. Une histoire vite retracée. Fugueuse depuis ses dix-huit ans, la jeune femme venait d’accoucher deux jours plus tôt dans un hôpital parisien d’où elle s’était enfuie aussitôt en abandonnant son enfant. Bien trop jeune et seule pour porter un si lourd fardeau. Ce n’est pas la première ni la dernière fois et pourtant la légiste ne s’y fait pas. Surtout que c’est le second cas en moins d’un mois. À croire que toutes les guerres et les catastrophes ne suffisent plus à la misère humaine. Il faut encore que soient ajoutés au nombre des victimes des nourrissons. Comme un besoin d’éradiquer tout espoir, toute rédemption.
Le dernier roman de Lou Vernet est un thriller mâtiné de roman noir, à moins que ce ne soit l’inverse… Il contient tous les codes des deux genres mais à la façon atypique de l’auteure, à sa manière très personnelle et surtout très exceptionnelle, dans sa construction comme dans son écriture.
Les personnages s’y croisent et s’y recroisent sans lien apparent de prime abord. Mais l’auteur tisse sa toile avec brio, nous égarant à dessein, et nous livre une histoire trouble sur le rejet de la maternité et les dégâts qu’il peut occasionner. J’ai particulièrement apprécié l’allégorie des ricochets que j’ai trouvé très belle, profonde et poétique en même temps.
Et toujours cette sublime écriture, dont la magie des mots nous happe, cette plume très littéraire, qui ne s’adresse pas à tout le monde mais revêt un charme certain et un attrait indéniable pour les amoureux de notre belle langue. Un récit envoûtant au service d’un vrai thriller, percutant et noir, cru et dur, qui ne peut laisser indifférent.