En 1849-1850, âgé de 28 ans, Gustave Flaubert fait avec son ami Maxime du Camp un long voyage en Egypte qui le mène d’Alexandrie en Nubie. Son journal révèle un homme ébloui et ému, un écrivain à l’immense puissance évocatrice. Les monuments et les paysages, les femmes et les hommes, la couleur et la lumière l’impressionnent et sont l’occasion d’esquisses éblouissantes et de miniatures saisissantes de poésie.
Je crois que je n’ai lu, adolescente, qu’une œuvre de Flaubert : « Madame Bovary », comme lecture obligatoire au collège, il me semble. Je n’en ai aucun souvenir. Sans doute étais-je trop jeune lorsqu’il est tombé entre mes mains. Lorsque je me suis abonnée à Audible, j’ai reçu plusieurs livres audio gratuits, dont celui-ci. Totalement ignorante des œuvres de Flaubert, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je suis tombée sur un carnet de voyage, finalement très agréable à écouter.
« Voyage en Égypte » a été publié de manière posthume par une des héritières de Gustave Flaubert à la fin du 19e siècle. Il a été remanié, censuré… Ce n’est que dans les années 1980 que les notes originales de l’auteur ont été retrouvées, et, une dizaine d’années plus tard, publiées intégralement. Audible fournit la version intégrale, et donc, en théorie, l’originale. J’ai donc pris ce postulat pour acquis et je considère que c’est bien sur les écrits de Flaubert, et non sur une interprétation, que je donne ici mon avis. Si toutefois il était connu que ce n’était pas le cas, vous me pardonnerez, je l’espère. Les notes de voyage ont été écrites par Flaubert avant qu’il ne rédige Madame Bovary, et donc bien avant qu’il ne devienne célèbre.
On le suit, aux côtés de son ami auteur Maxime du Camp, dans son périple à travers l’Égypte et la Nubie. Flaubert nous livre sa vision des lieux, des peuples qu’il côtoie et rencontre pendant le temps d’un voyage. C’est très précisément ce qui m’a plu. Découvrir la vision d’un intellectuel du 19e siècle est à mon sens très enrichissant. Si les pensées, les actes, et les paroles de Flaubert peuvent paraître abruptes et barbares, voire grossières, les replacer dans le contexte montre que ce qu’on pourrait appeler racisme, prostitution, et même tourisme sexuel, faisait partie intégrante du luxe et des mœurs de l’époque. Ce carnet de voyage est presque à lire, ou à écouter, dans une démarche sociologique.
Si je devais apporter une remarque négative, ce serait par rapport à la voix choisie pour la narration. J’ai trouvé, à l’écoute, les changements de rythme de lecture un peu incohérents, et souvent gênants. La voix de Daniel Mesguich est un peu traînante, peut-être trop douce. Mais on ne peut pas enlever au récit la poésie des mots de Flaubert, et la beauté de son style, même quand il narre nonchalamment ses exploits sexuels avec une Nubienne de 15 ans. Autre époque, autres mœurs, sans nul doute, mais la qualité littéraire de l’auteur est indéniable alors même qu’il s’agit d’un simple carnet de route. Et si je n’apprécie pas particulièrement ce genre d’ouvrage, cette « lecture » m’a donné envie de découvrir les autres livres de Gustave Flaubert.
Infos Pratiques :
Le livre audio n’est plus à la vente. Vous pourrez néanmoins le recevoir, je pense, si vous vous abonnez à Adible, comme je l’ai fait. Pour rappel :
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