Rude journée pour le commissaire Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnkhen. A l’aube, il apprend que trois Chinois ont été découpés au cutter dans une usine près d’Oulan-Bator. Quelques heures plus tard, dans la steppe, il déterre le cadavre d’une fillette aux boucles blondes agrippée à son tricycle rose. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Manook !
Que voilà une très belle découverte et un joli coup de cœur grâce à une amie qui m’a offert ce livre pour mon anniversaire et que j’ai un peu fait attendre pour cause de pal débordante ! Le pire c’est qu’il ne m’attirait pas vraiment ! Mais quel dommage ça aurait été de passer à côté !!
En tout premier lieu je voudrais insister sur la scène « du crime » : la Mongolie ! Une contrée largement inconnue, en tout cas de moi, dont je ne savais pas grand chose si ce n’est qu’elle fut, après le règne de Gengis Khan, sous domination chinoise, puis russe (malgré l’appellation République). L’un des nombreux attraits de ce livre c’est de nous donner un petit cours d’histoire, mais aussi de géo-politique et d’économie, sans qu’on s’en aperçoive, sans que cela nous pèse le moins du monde. Très justement dosé pour que cela nous renseigne sans nous lasser, nous aide à comprendre l’ambiance et le contexte sans nous dévier pour autant de l’intrigue, de façon à mêler habilement l’histoire à l’Histoire. Point de cours magistral assommant et soporifique, seulement un beau voyage dans un pays extrêmement bien décrit. Car les descriptions font sans conteste partie des points forts de l’auteur : planter un décor, une scène, une intrigue, dans leurs moindres détails, avec un souci de la précision et un art consommé qui fait qu’on s’y croirait.
De même, la culture du pays, ses coutumes, nous dépaysent encore plus que les descriptions géographiques. La vie de tous les jours, l’habitat, les vêtements, la gastronomie, les croyances, tout y est abordé sans exagération et intéressant au plus haut point. De plus, les pratiques chamaniques, tout comme l’interprétation des rêves, font intervenir une part de mystère et de magie dans une intrigue policière quelque peu classique.
Tout est savamment dosé et on ne s’ennuie pas une minute, ni avec les descriptions, ni avec les personnages, entiers, forts, marquants et attachants, ni avec l’intrigue, mêlant deux enquêtes parallèles à priori sans aucun lien entres elles, enquêtes qui amèneront Yeruldelgger à en rouvrir une plus ancienne, le touchant de très près, jusqu’à la terrible révélation finale.
Pour ce qui est du style de l’auteur, je l’ai trouvé facile à lire, enlevé, vif. La plume leste et acérée qui dépeint la morosité d’un peuple au quotidien difficile et ses relations compliquées avec les russes, les chinois ou les coréens sait aussi se teinter d’humour, parfois se faire violente et crue ou bien même fort poétique. A noter que le titre de chaque chapitre est constitué des derniers mots du chapitre en question, particularité et signature de l’auteur.
Vous l’aurez compris, j’ai tout aimé dans ce roman, hormis peut-être le thé salé au beurre ou les raviolis de mouton gras, spécialités culinaires qui, je dois bien le reconnaître, ne m’attirent pas plus que ça !